top of page

A PROPOS

L'Unité de Crise et d'urgences psychiatriques est intégrée au sein du service des urgences générales. Elle organise l’accueil de toutes situations d’urgence et de crise mais aussi, par un travail ambulatoire de crise, assure le suivi à moyen terme.

 

Elle a également développé un important travail d’aval en s’impliquant dans la construction d’un réseau ambulatoire et d’une équipe mobile de crise.

 

De plus, depuis quelques années, elle occupe une position centrale dans l’application urgente de la loi du 26 juin 1990 relative à la protection de la personne du malade mentale.

 

Elle est aujourd’hui dirigée par le Docteur Gérald Deschietere.

ur13_edited.jpg

Face aux situations de troubles mentaux profonds, l'exclusion, le chômage, le décrochage scolaire, l'éclatement de la cellule familiale, les burn out, l’exil sont autant de facteurs déclencheurs de pathologies psychiatriques.

 

Les urgences psychiatriques ne cessent d’augmenter. À Bruxelles, comme ailleurs, c’est une généralité, peut-être liée au fait du nombre, de la promiscuité, de la précarité et d’une société qui n’a plus le temps. Tentatives de suicide, éthylisme, toxicomanie, état délirant ou dépressif constituent souvent l'expression clinique de situations de crise personnelle.

 

L'augmentation des urgences psychiatriques reflète sans doute un «mal de vivre» propre à la population urbaine, véritable «vivier psychiatrisant», bien que ces phénomènes s’observent aussi en dehors des villes.

 

Une des questions que pose le film : la psychiatrie et les services d'urgences psychiatriques sont-ils réellement là pour panser les maux de la société ? La mission d'un psychiatre n'est pas de résoudre ces afflictions (ce n’est pas sa fonction et elle n’y est pas préparée) mais de les traiter… C’est une des raisons essentielles d’interroger la psychiatrie contemporaine, à savoir comment pourra t’elle tenir face aux enjeux à venir ?

ur12.jpg

A propos des documentaires « Urgences psychiatriques » (52’) et « Qu’est-ce que je fais là ? » (94’) de Paule Muxel et Bertrand de Solliers

 

En immergeant le spectateur dans les urgences psychiatriques d’un hôpital général, ces deux documentaires se révèlent particulièrement intéressants pour le public mais aussi formateurs pour les professionnels de la santé mentale. Ils sensibilisent aux enjeux de la crise et déploient le temps et les moyens nécessaires au rétablissement d’un équilibre psychique. Ils permettent aux étudiants d’être en contact avec la psychiatrie et les différents visages de la psychopathologie.

 

Chaque situation rencontrée aux urgences illustre la nécessité du travail à plusieurs pour appréhender le psychisme humain. Mise en liens et mise en mots sont des axes essentiels qui ressortent de façon très explicite des deux documentaires. Face à la crise et à la déliaison au sein du fonctionnement psychique, la multiplicité des intervenants offre un contenant idéal même s'il n'est parfois pas suffisant. Les murs de l'institution ont également un impact favorable si l'équipe peut y apporter l'humanité nécessaire. Cette humanité, les deux documentaires nous la montrent via les échanges entre professionnels et entre professionnels et patients. Le spectateur peut y voir toute l'humilité avec laquelle l’équipe se laisse instruire par ses patients pour pouvoir mieux les aider. Cet aspect des documentaires est crucial pour les étudiants et les jeunes soignants qui ont parfois tendance à associer le savoir du praticien (son « expertise ») à la guérison de son patient. Ici, le savoir des soignants est mis à disposition des patients pour les aider à « s'apaiser », un terme sans prétention et pourtant crucial pour tout être humain en quête d'équilibre. Ainsi, on voit dans « Urgences psychiatriques » une soignante chercher avec une patiente ce qui pourrait l'apaiser pour finalement partir à la recherche de feuilles et de crayons de couleur. L'attention systématique portée à la lumière que souhaite le patient dans la chambre d'isolement est un autre « détail » qui révèle l'importance de la fonction contenante. Par ces attentions individualisées, sorte de couture sur mesure, les soignants réintroduisent dans le social celui qui en a été mis à l'abri. L'équipe, attentive au discours du patient, mais aussi de celui ou celle qui l’a amené aux urgences, collecte et rassemble les morceaux de tissus mis à sa disposition. Elle les propose ensuite au patient qui peut s'en saisir afin de tisser la suite de son histoire et tenter de remettre du sens dans l’insensé de la crise.

 

Dans « Qu’est-ce que je fais là ? », le spectateur peut appréhender ce que le psychisme des patients fait vivre aux intervenants. Aux premières loges de la souffrance humaine, une juste distance est salutaire : ni trop proche, ni trop loin. Une des patientes à la fois SDF, malade et agressive met l’équipe (et le social de façon plus large) à l’épreuve. Plus aucune structure d’accueil ne souhaite la recevoir. Le spectateur peut vivre avec l’équipe différents affects comme l’agacement, le désarroi, la tristesse, l’impuissance… L’épuisement guète, les professionnels ont à faire avec les limites du patient et de notre société actuelle.

 

Les futurs soignants pourront également se rendre compte que la psychopathologie ne peut se laisser enfermer dans le prisme théorique d'un catalogue ou d’un meuble à tiroirs. Nul patient ne rentre dans une case ; seuls sont « étiquetés » certains comportements. A l'encontre des stéréotypes dans ce domaine, le documentaire nous montre qu'il n'y a pas de cloison entre folie et normalité. Il plaide pour un continuum allant de la souplesse et la liaison à la fixation et la déliaison.

 

Laurence Jacques

Criminologue, psychologue, psychothérapeute analytique

SSM à l’ULB - La Plaine

Assistante chargée d’exercices à l’ULB (Faculté des Sciences Psychologiques et de l’Education, Faculté de Droit et de Criminologie)

191230 S I 01 20 19 16.jpg
bottom of page